Les Légendes de la Table

Premier Article - Ou comment je suis revenu au jeu de rôle à 37 ans

Aussi loin que je peux me souvenir, j’ai toujours aimé les jeux de rôle dans leur incarnation en jeux vidéo. Vers 8 ans, mes premiers grands jeux vidéo du genre furent Legend of Zelda premier du nom sur NES, puis au collège j’ai eu la chance de jouer à A Link to the Past sur Super NES, qui m’a amené à Secret of Mana, puis Final Fantasy VI puis Chrono Trigger. En parallèle, j’étais à cette époque un grand fan du vénérable jeu de cartes à collectionner Magic The Gathering™.

Bref mes loisirs préférés étaient baignés de l’influence de D&D™, mais je ne connaissais pas les jeux de rôle authentiques, ceux qu’on joue en frappant la table vigoureusement avec des dés multicolores aux formes étranges.

Bien plus tard, arrivé en École de Management™, j’ai pu rencontrer plus nerd que moi, et être initié, à coup de D&D 3.0, Nephilim, et Vampire The Masquerade. À vrai dire, on a joué un one-shot de chaque, personne ne captais rien à part notre MJ qui regrettait sans doute un peu de nous avoir embarqués dans sa passion, et on en est restés là.

Bien plus tard, début 2018 donc, je ne sais plus trop comment exactement, mais probablement sous l’influence de quelque marketing pernicieux, j’ai eu l’envie irrépressible de m’acheter le Player’s Handbook de D&D™ 5ème édition. Fort de cette replongée dans la matrice du JdR, je me suis lancé à la recherche d’un groupe sur le forum lyonnais dédié à notre vice, et j’y ai trouvé avec une grande facilité un groupe démarrant la campagne The Curse of Strahd, pas encore disponible dans sa version camembérisée.

L’expérience a failli me faire rebrousser définitivement chemin. Je pensais trouver un jeu à la fois immersif et tactique, entrecoupé de franches tranches de rigolade, mais malheureusement c’était mou, poussif, zéro role-play, et notre MJ se débattait avec la langue de Vin Diesel et pénait beaucoup à nous traduire l’ambiance de Barovia. Après 3 sessions, les joueurs se sont débinés comme un seul homme.

Un peu dégouté des Gros Bills sans épaisseur de jeu, je me suis rabattu sur la maîtrise de partie, pour mon fils Valentin qui avait 6 ans, et deux de ses camarades de classe. Et bizarrement, malgré le côté étrange et contraignant des règles de D&D™ pour des enfants de cet âge, les tranches de franche rigolade étaient enfin là ! Les gamins ont adoré les quelques sessions que j’ai organisées pour eux. Ils ont trucidé des gobelins et fait pisser de trouille leur roi, ils ont tué sans remord les enfants d’une guenaude des marais qui avaient pourtant encore forme humaine, ils ont dompté un louveteau après avoir terrassé sa mère féroce, bref, de bons moments passés ensemble.

C’était décidé, pour avoir l’expérience que je voulais, et jouer comme je l’entendais, il fallait se rendre à l’évidence : la seule solution, c’était de devenir Maître de Jeu.